L'acquisition de Curtis Sanford soulève déjà bien des questions sur l'avenir de Jaroslav Halak à Montréal. À l'heure actuelle, on ne sait pas si l'athlète de Bratislava en Slovaquie sera échangé ou non, mais, comme d'habitude, ça ne saurait nous empêcher d'y aller d'une petite analyse de la situation!
Sanford, un vrai second
Avant toute chose regardons ce Sanford de plus près. On remarque d'abord, comme la plupart des « éternels seconds », que sa carrière a été ponctuée de quelques allers-retours entre la LNH et la LAH. Rien là de bien surprenant. Toutefois on peut dire que depuis 2005-2006, il a surtout évolué dans la grosse ligue. À 29 ans, il y montre des d'ailleurs des statistiques respectables (108 pj, 37 v, 37 d, .901, 2,76).
Aussi, alors que Marc Denis était un « projet » l'an dernier ; on voulait lui donner une chance de relancer sa carrière, Sanford a pour sa part le profil typique d'un vrai numéro deux de la LNH. Un gars qui va jouer maximum 20 matchs et qui jamais ne pensera à s'en plaindre.
Je vois donc très mal comment Sanford, qui n'a joué qu'une vingtaine de match dans la LAH depuis 2005-2006, passera l'année à Hamilton. De plus, Cédric Desjardins est parfaitement capable de s'acquiter du gros de la tâche en bas.
Halak : une excellente valeur sur le marché
On peut avancer sans trop de risques que la valeur de Halak est presque qu'à son sommet en ce moment, surtout si l'on prend en considération qu'il peut difficilement se faire justice et l'augmenter à Montréal derrière Carey « Jesus » Price.
À 24 ans, Halak est encore très jeune. Cela ne l'empêche pas de montrer une expérience considérable dans la LNH en plus d'avoir dominé dans la LAH où il a remporté le titre de gardien par excellence en 2006-2007. Donc, jeune, expérimenté et titré.
Ensuite, si on regarde ses performances dans la LNH de plus près, on notera d'abord qu'il joue à Montréal où la pression est énorme: If you can make it there, you'll make it anywhere! Puis on considérera qu'il a souvent sauvé le Canadien de la catastrophe quand il a eu à le faire.
Grâce à lui, le CH est venu à un cheveu de faire les séries il y a deux ans et on se demande encore ce qui se serait passé si Carbo avait donné le filet à Halak à la place de Huet dans ce fameux dernier match de la saison 2006-2007 contre Toronto, une amère défaite de 7-5. Un match qui aurait pu changer la carrière du jeune Halak.
Et encore lors de la dernière saison, pendant que Price n'en finissait plus de se remettre d'une blessure et que le reste de l'équipe était incapable de faire une sortie de zone, c'est Halak qui a tenu le fort et permis à tout le monde de pouvoir aspirer aux séries avec notamment quelques performances consécutives de 40 arrêts et plus.
C'est du « rubber » en ta…
Halak semble aussi posséder cette qualité rare de demeurer dans le match et de faire les gros arrêts même après avoir accorder quelques buts douteux. Malgrés quelques soirées plus généreuses, il est généralement solide comme en font foi ses chiffres en carrière : 56 pj, 30 v, 21 d, .914, 2,80.
De plus, personne n'a quoi que ce soit à redire sur son attitude et son éthique de travail. Cela est d'autant plus louable puisqu'il n'a jamais été l'homme de Gainey, subissant du coup plus que sa part d'injustices. Plusieurs se seraient découragés depuis longtemps.
Toutefois, si nous n'avions qu'un seul petit reproche à lui faire, ce serait de n'être jamais parvenu à demeurer assez constant sur une longue période et en faire suffisamment pour ne pas donner le choix aux dirigeants de lui donner le filet. Il n'a jamais réussi à clouer Price sur le banc en raison de quelques contre-performances dans des moments mal choisis.
Mais, à sa défense, on l'a toujours placé dans une situation impossible où il ne peut se faire justice. Il sait qu'il ne peut pas se permettre la moindre erreur, ce qui n'est manifestement pas le cas de Saint-Carey. Disons, que ça ajoute une pression additionnelle pas vraiment nécessaire ici.
Bref, pas les coudées franches, Jaro. Mais malgré cela, il persiste, il se bat. C'est tout à son honneur.
Une solution intéressante pour quelques équipes
Mais si vous et moi sommes capables de voir et de prendre en considération tous ces facteurs et ces nuances, on s'imagine très bien que de nombreux DG ont les mêmes rapports sur Halak, joueur autonome avec restrictions à qui il reste une belle année de contrat.
C'est simple, à son âge et avec ses réalisations, Halak a le profil du parfait second qui a une chance tout à fait légitime de devenir premier sous peu. Son cas rappelle ceux de Hasek, Kiprusoff et Bryzgalov qui, coincés derrière le numéro un de leur organisation respective, ont tous profité d'un échange pour s'épanouir et s'établir à leur tour comme numéro un.
En somme, si je suis le DG des Blackhawks, que je suis coincé monétairement, que j'ai peu confiance en Huet et que je me cherche un gardien beau, bon, pas cher capable de prendre la relève à tout moment, Halak m'intéresse.
Si je suis le DG des Sharks, que je veux apporter des changements à mon équipe, incluant au poste de gardien dans un avenir rapproché, Halak m'intéresse dans une transaction à plusieurs joueurs.
En fait, si vous faites un petit survol de la LNH, il pourrait bien y avoir une bonne demi-douzaine de formations qui pourraient être intéressées aux services d'Halak au cours de la prochaine saison. Bien peu de gardiens offrent présentement un profil aussi attrayant à ce prix-là.
Il apparaît donc de plus en plus clair que si Price est vraiment son homme à la vie à la mort (et, like it or not, il l'est), Gainey doit absolument maximiser la valeur de Jaroslav Halak et elle pourrait difficilement être plus élevée que maintenant.