L'entrevue a été diffusée à la station de radio russe Radiomayak le 24 février, trois jours avant la date limite des échanges dans la LNH, et elle a été reprise intégralement dans l'hebdomadaire de Moscou Football-Hockey du 26 février.
Kovalev a nié, samedi soir à Boston, avoir accordé une telle entrevue, mais la journaliste en question nous a confirmé, hier matin de Moscou, avoir bel et bien réalisé l'interview au téléphone le 23 février, et La Presse a pu écouter un extrait.
«On dit que nous sommes comme une grande famille hors de la patinoire, mais quand tu entres dans le vestiaire, c'est chacun pour soi, c'est tellement évident», dit-il.
Kovalev estime que les francophones de l'équipe sont peut-être la source du problème. En effet, quand la journaliste lui demande si les francophones chez le Canadien sont aussi provocateurs face aux autres que ceux qui jouent pour le club-école de Hamilton, sa réponse est claire.
«Les français, ils sont comme ça. Ils se tiennent ensemble et se défendent les uns les autres. C'est justement le problème de ce genre d'équipe. Ça fait des divisions. Les Européens d'un côté, les Américains de l'autre, les Français ont leur gang. Qui va prendre le haut du pavé? On ne pense plus à jouer ensemble et gagner, mais plutôt à prouver Je suis meilleur que toi et le public m'aime davantage. Les joueurs commencent à travailler uniquement pour le public. C'est dégoûtant à voir.»
Le Russe est encore plus incisif quand la journaliste lui fait commenter les performances des jeunes Latendresse, Lapierre et Halak. «Quoi dire? Ils viennent de commencer à jouer, le public commence à les apprécier et ils se comportent comme si ça faisait dix ans qu'ils jouaient dans la Ligue. Il devient nécessaire de les mettre à leur place. Mais quand tu fais ça, ils le prennent trop à coeur ou comprennent mal. Certains jeunes écoutent, d'autre ne font qu'à leur tête. Le public les aime et c'est la seule chose qui les intéresse. Ils ont du talent, mais il leur manque un peu de tête. Ce n'est pas la première fois que je vois des jeunes transformés en vedettes avant leur temps. Après quelques années, on ne se rappelle même plus de leur nom.»
Kovalev aurait sans doute aimé qu'on poursuive l'expérience du trio russe avec Samsonov et le Biélorusse Mikhail Grabovsky, rappelé brièvement des mineures plus tôt cette saison. «La chance était là, mais personne ne va vous laisser faire. J'ai l'impression, et nombreux sont ceux qui le disent, des journalistes, des amateurs, que cet entraîneur n'aime pas les Russes. Et tel est le cas... Ça paraît dans son attitude envers nous. Par rapport à sa manière de traiter les francophones.»
L'attaquant cite aussi le cas de Kostitsyn. «C'est encore un exemple de ce que je disais plus tôt. En passant, ils l'ont nommé meilleur joueur de la Ligue américaine. Mais quand les blessures ont commencé, on est allé chercher d'autres joueurs. Ou bien l'entraîneur ne nous aime pas, ou bien il n'aime pas ce style. Dès qu'il y en a un qui va revenir au jeu, je ne serais pas étonné que ce soit Kostitsyn qui sera renvoyé au club-école et non les deux autres qu'on a montés de la Ligue américaine.»
La journaliste lui parle aussi des nouveaux entraîneurs, ces anciennes gloires du Canadien qui devaient restaurer l'héritage du club. «Cette réputation se perd vite. Quand les gens finissent de jouer à ce niveau et, par la suite, se comportent de cette façon en tant qu'entraîneurs, les bonnes choses sont oubliées et les mauvaises commencent à s'accumuler. Personnellement, je crois que l'entraîneur y est pour beaucoup. L'entraîneur doit faire partie de l'équipe, non pas être à part ou au-dessus d'elle.»
Il ajoute qu'il n'aime pas le système de jeu en place. «Qui peut aimer ça? Il est difficile de s'exprimer complètement parce que nous devons sacrifier certaines choses.»
Mais il n'y voit pas la raison du déclin dans la production de Samsonov. «Je pense que son déclin est causé par le manque de confiance qu'on lui démontre. Ils l'ont emmené ici et lui ont demandé autre chose. Pas ce qu'il peut faire.»
Kovalev avoue avoir songé à demander un échange, mais il ne l'a pas fait. «Cela m'a traversé l'esprit. D'un autre côté, j'aime me battre. Bien sûr, j'ai eu bien des angoisses et des doutes, mais on va y arriver. Ce n'est pas la première fois.»
L'attaquant russe n'est donc pas prêt à partir. Mais on se demande maintenant comment réagira son entourage à des propos aussi incendiaires...